Le Pain en Voyage

 In Les Coups de gueule de Jean Kircher

Le consommateur moderne est un grand voyageur : en voiture, en train, en avion, en bateau. Il séjourne régulièrement dans les hôtels et va bien sûr au restaurant, au fastfood,  à la buvette ou au libre-service des restoroutes.

Partout on lui propose des aliments de toutes sortes et en particulier des pains, des sandwiches, des burgers.

Partout il voit fleurir des pubs, des promos et des annonces sensées lui mettre l’eau à la bouche :

-des sandwiches au feta AOP

-des brioches pur beurre de Charente

-des produits de savoir-faire traditionnel

-des sandwiches goûteux ou moelleux

Tout cela fleure bon la tradition et sous-entend une référence à une démarche technique ou de production respectueuse ou durable,  avec des ingrédients propres et un respect des hommes et de leur santé.

Or que lisons-nous sur les étiquettes  et que nous sert-on?

-des listes interminables de conservateurs, d’émulsifiants, de texturants, d’acidifiants, de colorants et autres numéros E

-des compositions et assemblages de produits industriels qui n’ont de tradition que le nom

-des buns ou des pains de mie à indice glycémique très élevés et bourrés de chimie

-des produits mous et peu cuits très difficiles à digérer

Ces mêmes produits sont également servis dans les avions, les trains et les bateaux. En général à des prix exorbitants et toujours mal servis en plateau-repas plastifiés ou emballés sous gaz pour permettre un meilleure durée de consommation.

Ne parlons pas des pains servis dans l’immense majorité des hôtels qui ont depuis longtemps décidé que le petit déjeuner était une source de profit plutôt que de satisfaction de leurs clients. Sous prétexte qu’ils n’ont pas les moyens de payer convenablement le cuiseur du matin et que de toutes façons il leur faut une source de rentabilité autre que la seule gestion des chambres.

Bref, dans ce monde de l’alimentation hors foyer, la démission est totale et le consommateur est constamment pris en otage sous prétexte qu’il n’est que de passage et qu’il ne réclamera pas.

Le pire, c’est que c’est vrai : le consommateur accepte !

Il ne râle pas. Il ne retourne rien. Il accepte sans broncher de se faire maltraiter et de mal manger.

Voilà un paradoxe du consommateur moderne. Capable de twitter sans fin et d’assassiner le restaurateur classique ou le commerçant artisanal de son quartier qu’il n’hésitera pas à tripadviser sans pitié ni discernement.

Par contre, les produits industriels chimiquement pollués, insipides, inodores et sans saveur… sont avalés sans regret.

 

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